c'est la sortie de l'état de nature qui fait l'homme, Rousseau
c'est la sortie de l'état de nature
qui fait l'homme, Rousseau
Ce passage de l'état de nature à l'état civil produit dans l'homme un changement très remarquable, en substituant dans sa conduite la justice à l'instinct, et donnant à ses actions la moralité qui leur manquait auparavant. C'est alors que la voix du devoir succédant à l'impulsion physique et le droit à l'appétit, l'homme qui jusque-là n'avait regardé que lui-même, se voit forcé d'agir sur d'autres principes, et de consulter sa raison avant d'écouter ses penchants. Quoiqu'il se prive dans cet état de plusieurs avantages qu'il tient de la nature, il en regagne de si grands, ses facultés s'exercent et se développent, ses idées s'étendent, ses sentiments s'ennoblissent, son âme toute entière s'élève à tel point que si les les abus de cette nouvelle condition ne le dégradaient souvent au-dessous de celle dont il est sorti, il devrait bénir sans cesse l'instant heureux qui l'en arracha pour jamais, et qui, d'un animal stupide et borné, fit un être intelligent et un homme.
Le Contrat social, 1762, début du chap. huitième,
éd. Pluriel, 1988, p. 186-187.
L'homme sorti de l'état de nature peut y retomber, à un degré inférieur même, par les abus qu'il fait de sa nouvelle condition dans l'état civil. Le mal peut le ramener à l'animalité.